EHPAD DE DEMAIN :
Pour un modèle plus humain, tourné vers les usages

Au sein d’A2MO, nous travaillons au quotidien à concevoir un EHPAD humain, au service de ses habitants et du territoire dans lequel il s’implante. Nous appuyons notre réflexion sur notre expérience de terrain, mais aussi en nous inspirant des expérimentations et pratiques menées en France et à l’étranger. Parce que vieillir fait partie de la vie, nous choisissons de coconstruire ces établissements dédiés à nos aînés en travaillant en collaboration avec les équipes médico-soignantes, les familles et les habitants eux-mêmes. Nous partons ainsi de leurs usages et de leurs besoins, pour concevoir les espaces qui leur sont destinés. En nous appuyant sur l’humain, c’est une approche domiciliaire que nous poursuivons, avec la volonté de transformer l’EHPAD en lieu de vie et en équipement intégré à la ville.

Mieux penser les EHPAD (Etablissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) est indispensable, tant la question du vieillissement de la population prend de l’ampleur. La nécessité de maintenir des relations entre les résidents, les familles et les soignants, se révèle vitale. Vieillir fait partie de la vie, et nous devons nourrir une véritable réflexion sur la qualité de vie des personnes âgées, sur le soin apporté à leur environnement et sur leur place dans notre société.

Au cœur de cette réflexion, la question du maintien du lien social et des relations humaines apparaît comme un élément majeur de la vocation de « prendre soin » des EHPAD. En limitant les possibilités de visites et d’interactions avec les résidents, la crise Covid-19 a notamment mis en lumière cette évidence : l’essentiel dans l’accompagnement et la prise en soins est le lien humain.

Nous devons tirer les leçons de cette période, afin d’imaginer des organisations et des architectures plus adaptées aux attentes réciproques des résidents, des familles et des professionnels. Cette mutation structurelle doit se traduire, notamment, par une conception spécifique et adaptée des nouveaux bâtiments destinés à cet usage. Afin de coconstruire l’EHPAD de demain, les professionnels du secteur du bâtiment doivent travailler en collaboration avec les professionnels de santé, les résidents et les familles.

LES LIMITES DE L’EHPAD D’AUJOURD’HUI

L’EHPAD, vécu comme l’ultime recours

Force est de constater que ces structures d’accueil pour personnes âgées pâtissent d’une mauvaise image, leur fonction étant assimilée à l’idée de fin de vie. De fait, parce qu’il est considéré comme l’ultime solution, l’EHPAD d’aujourd’hui apparaît bien souvent comme un non-choix. Cette façon de penser influe sur une conception des espaces très fonctionnelle et médicalisée, peu tournée vers l’idée de qualité de vie. En outre, le fait que les résidents arrivent très tardivement – le maintien à domicile étant souvent préféré – induit que, lorsqu’ils passent la porte de l’EHPAD, ils sont déjà très dépendants physiquement et psychiquement. Une prise en soins renforcée est alors indispensable. Or, celle-ci peut être entravée, lorsqu’elle a lieu dans des bâtiments vieillissants ou inadaptés architecturalement, dégradant la qualité de vie des résidents.

Une standardisation déshumanisante pour les résidents et les équipes

Cette vision fonctionnelle de l’EHPAD a conduit, dans les années 2000-2010, à la construction d’une génération de bâtiments très standardisés. Pensés dans une recherche d’efficience des équipes et de polyvalence des espaces, ces établissements sont bien souvent conçus au détriment de la qualité de vie des personnes accueillies – uniquement perçues comme des patients.

En effet, cette approche rend difficile la conciliation de l’organisation collective et des besoins individuels grandissants des résidents et des familles. Elle impose notamment aux équipes soignantes un traitement moins personnalisé de chaque résident, ce qui vient en désaccord avec leur vocation de soin et de bientraitance.

UNE VISION NOUVELLE POUR L’EHPAD DE DEMAIN

Coconstruire en partant des usages

La réflexion sur la conception des nouveaux établissements doit se construire avec les équipes, et au service de la satisfaction de l’ensemble des utilisateurs (résidents, professionnels, familles…). Cette concertation doit permettre de se questionner sur une autre organisation et une nouvelle fonctionnalité des usages et des locaux, afin de poser les jalons d’une conception architecturale repensée. La phase de programmation des besoins, notamment, doit être une démarche commune avec les soignants, les résidents et les familles. Il y a ainsi une véritable volonté de rendre l’approche plus humaine, dans les faits et dans les mots. On ne parle plus de « prise en charge » mais de « prise en soins », ni de « résidents » mais plutôt « d’habitants ».

Nous repositionnons l’individu au cœur de la réflexion en partant des besoins et usages de la personne âgée, et non des nécessités de fonctionnement de l’établissement. On peut parler d’individualisation de l’approche. Ce n’est plus la personne âgée qui doit s’adapter à l’organisation d’un établissement mais les solutions proposées qui doivent répondre à ses attentes et besoins.

Une démarche collaborative entre AMO et usagers

Cette approche répond aux attentes des futurs habitants, qui ont besoin d’accompagnement dans la vie quotidienne, mais aussi et surtout, de relations sociales, de partage et de chaleur humaine. En association avec les professionnels, elle doit impliquer en amont une réflexion sur les métiers des personnels de l’EHPAD et les modalités d’accompagnement.

Un fonctionnement collectif et collaboratif permet aux soignants de retrouver une relation de qualité avec les habitants, et de bénéficier de la reconnaissance qui en découle. Cette nouvelle approche, en association avec les professionnels impliqués en amont dans la conception de leurs espaces de pratique, permettra de recentrer l’organisation autour des personnes âgées et d’améliorer les accompagnements, dans leurs niveaux de dépendances variées (et croissants) et notamment dans l’apparition des troubles cognitifs (croissants également).

Repenser l’EHPAD selon une approche domiciliaire

A l’échelle du bâtiment, il s’agit de repenser l’environnement intérieur qui ne doit plus être uniquement fonctionnel. Il doit s’adapter à une vie quotidienne domestique, afin de permettre d’accueillir dans des espaces personnalisés les résidents, désormais vus comme des habitants à part entière et non plus uniquement comme des personnes dépendantes. Les espaces de vie commune et les espaces privatifs doivent donc être réimaginés sous un autre angle que la pathologie et la dépendance, dans une logique d’approche domiciliaire et de qualité. Cette notion de domesticité implique une nouvelle composition architecturale, à une échelle plus humaine, qui s’inspire des concepts de hameaux, de béguinages et de maisonnées.

Il est aujourd’hui nécessaire de redéfinir l’EHPAD comme un véritable lieu de vie. Héberger ne signifie pas habiter. Développer des modèles l’EHPAD découlant d’une logique de « prise en charge » de pathologies, issue du modèle hospitalier, n’est plus pertinent. Les bâtiments doivent s’adapter à la vie des personnes accueillies et au travail du personnel, et pas l’inverse. Il faut reconstruire des cadres de vie, une atmosphère domestique, et des espaces d’habitation, dans lesquels les personnes se sentiront chez elles, tout en étant accompagnées dans leurs différentes dépendances psychiques, cognitives et physiques. Les personnes âgées doivent pouvoir continuer à vivre, et bien vivre, dans ces nouveaux espaces.

Positionner l’EHPAD comme un équipement intégré à la ville

Ce nouveau modèle d’accompagnement au vieillissement doit pouvoir offrir aux habitants différents services, au-delà du soin. Ainsi, chaque EHPAD doit s’ouvrir sur son environnement et ses particularités. Il s’agit de repositionner l’EHPAD au cœur de la cité, en le considérant non plus comme un établissement, mais plutôt comme un équipement intégré dans la ville. En ce sens, l’intégration de tiers-lieux permettant de faire venir au sein de l’EHPAD une population autre favorise le développement des interactions sociales propices à maintenir la structure au cœur de la vie locale.

Nous avons participé à de nombreuses réflexions en ce sens : intégration d’une crèche, d’espaces jeux pour lycéens, d’espaces extérieurs dédiés aux assistantes maternelles, d’une salle de musculation gérée par une association. Parfois, un simple lien visuel ou une proximité le temps d’un passage peut suffire à changer une ambiance et un ressenti. Tous ces exemples montrent l’importance pour les personnes âgées de rester intégrées à la vie de la cité, plutôt que d’être recluses au sein d’un bâtiment institutionnel.

L’EHPAD comme ressource du parcours de vie

Au fil de ses réflexions, A2MO contribue à imaginer ainsi un EHPAD qui serait une plateforme de services, proposant un ensemble de ressources adaptées aux besoins de de la personne âgée. L’hébergement permanent en EHPAD ne peut plus être considéré comme la réponse ultime à la dépendance du grand âge, mais plutôt comme une solution possible dans une logique de parcours de vie. Il ne doit pas nécessairement être considéré dans une logique d’unité de lieu mais doit pouvoir se projeter jusqu’au domicile. On parle ainsi « d’EHPAD hors les murs ». L’enjeu est là aussi de s’adapter à l’individu, d’apporter un ensemble de réponses, comme l’accueil de jour externe ou l’hébergement temporaire, qui doivent permettre à la personne âgée et aux familles de choisir les modalités d’accompagnement à la carte.

A propos d’A2MO

A2MO à vos côtés dans la définition de votre projet et à chaque étape de développement.

Fort de ses 25 ans d’expérience d’assistance à maîtrise d’ouvrage en conception et réalisation dans les projets de « grand âge », A2MO développe avec vous ce que pourrait être l’EHPAD de demain. Les intervenants A2MO travaillent en concertation avec le personnel soignant, les résidents et les familles, et vous accompagnent durant les changements d’organisation nécessaires (évolution des métiers d’accompagnement, afin de retrouver rapports humains, temps de qualité auprès des patients, bientraitance et anticipation de la perte d’autonomie).

Nos réflexions s’appuient sur notre expérience et nos nombreuses références nationales. Nous pratiquons également une veille active sur les recherches dans le domaine du grand âge, menées à l’étranger, notamment dans les pays scandinaves, aux Pays-Bas et au Canada.

A2MO vous assiste dans le montage financier de tels projets moins conventionnels et vous aide à convaincre les autorités de tarification et les tutelles de l’intérêt d’une conception alternative de l’EHPAD de demain, centrée sur le bien-être des personnes âgées.

Co-écrit par Estelle Charrier et Nicolas Hélias. Mise à jour en juin 2023, par Emmanuel Marchand, Programmiste, A2MO.  

Les autres actualités d'A2MO